
Les débats médicaux interdisant la pratique du vélo aux femmes
Pour donner une idée claire des mœurs qui encadraient les sociétés européennes à la fin du XIXème siècle nous présentons les avis retrouvés dans les publications de certains médecins contemporains sur la pratique de la bicyclette chez la femme. En effet, leurs avis basés sur l’objectivité scientifique étaient vivement recherchés par une société divisée. Agissant comme un véritable argument d’autorité, la parole d’un médecin forgeait plus qu’une autre l’opinion publique. Malgré leur formation, ces médecins avaient eux-mêmes reçu l’éducation machiste et conservatrice de leur époque. Leurs avis médicaux étaient donc orientés par la même morale qui condamnait aux femmes l’usage de la bicyclette. Néanmoins, certains d’entre eux ont réussi à faire abstraction de leurs mœurs culturelles pour rendre compte de manière objective de leur étude sur les effets curatifs et pathogènes de la pratique sportive et notamment vélocipédique chez la femme. L’enjeu est de déterminer si cette dernière ne s’éloigne pas de sa prédestination biologique qu’est la maternité. Voici l’ambivalence des discours qui résultent sur cette question. Ils portent en eux le témoignage des mentalités régnantes à la fin du XIXème siècle.



POST-SCRIPTUM:
Il est intéressant de constater que les justifications d’ordre médicales que nous vous avons présentées sont encore aujourd’hui utilisées par des sociétés qui se servent de ces arguments d’autorités pour interdire l’usage aux femmes d’objets émancipateurs.
No woman no drive, Hicham Fageeh, 2013
Dans cette vidéo, l’humoriste saoudien Hicham Fageeh traite avec humour et ironie de l’interdiction faite aux femmes saoudiennes de conduire par leur gouvernement. Depuis les années 90, l’Arabie Saoudite interdit sur son territoire la conduite aux femmes au nom de la charia. Même si aucun texte de loi officiel ne l’exige, l’Etat refuse de délivrer des permis de conduire aux femmes. L’une des justifications apportée est d’ordre médical. En effet, la pression que subirait le bassin aurait des conséquences sur les ovaires. Les dommages causés seraient responsables des troubles cliniques observés chez les enfants. Dans une société où la femme n’est considérée que pour son statut de mère, la stérilité apparaît comme une réelle menace contre laquelle l’Arabie Saoudite tente de protéger ses citoyens. On peut se douter qu’il se cache derrière cette interdiction la peur de l’émancipation de la femme qui par sa liberté de déplacement échappe à la surveillance d’un dignitaire mâle de la famille. De même, cette interdiction la préserve du risque de se retrouver en compagnie d’un homme dans un espace confiné dans lequel elle serait poussée ou tentée au vice sexuel. Un mouvement orchestré par des militantes appelé « Women to drive » lutte de nos jours contre cette interdiction dénoncée comme inadaptée aux transformations sociales de la société saoudienne.
...Cependant nous pouvons souligner que le malaise persiste pour ce qui concerne la pratique sportive et intensive du vélo par les femmes. Encore aujourd’hui, les compétitions féminines sont peu publicisées.