L’histoire de l’invention de la bicyclette et de son développement technique depuis 1886 est complexe. Elle implique sur la durée différents ingénieurs venus de différentes nations. L'objectif principal a été de tracer les grandes lignes de cette aventure.
L'invention de la bicyclette
Un croquis extrait d’une archive de Leonardo Da Vinci (1452- 1519) ou de l’un de ses disciples démontre que l’ingénieur de la Renaissance aurait eu l’idée de concevoir un moyen de locomotion semblable à la bicyclette que nous connaissons aujourd’hui. Il est cependant difficile de déterminer si cette esquisse est bien de la main de l’illustre ingénieur italien.
Esquisse extrait du Codex Atlanticus attribué à Leonard Da Vinci, 1490.
La bicyclette : une idée de Leonard Da Vinci.
Néanmoins, les historiens ont remarqué que ce croquis était accompagné du dessin d’une chaîne à dents cubiques comparable à celles présentées par Leonard Da Vinci dans son Codex de Madrid. Aujourd’hui encore, le débat persiste
Dessins de chaînes à dents cubiques extrait du Codex de Madrid de Leonard Da Vinci, 1490
La draisienne.
En 1817, Karl Drais, dépose en France un brevet pour un véhicule à propulsion musculaire : la draisienne ou « machine à courir ». Ce Baron allemand vient d’inventer l’ancêtre de la bicyclette. Ce vélocipède tient son appellation du nom de son inventeur (« Drais-ienne »). Grossièrement, c’est une traverse en bois posée sur deux roues. Dépourvue de pédales, il faut que le conducteur pousse sur le sol pour aller de l’avant. Les pieds servaient également de freins. Il se dirige avec un « timon de direction» ou « barreau » qu’on appellera par la suite «gouvernail» puis «guidon», capable de tourner à 180 degrés.
En 1891, une polémique autour du brevet de Drais éclate en France. Le journaliste spécialiste de l’automobile, Louis Baudry de Saunier, atteste dans son Histoire générale de la vélocipédie que la draisienne aurait été inventée sous le nom de Célérifère en 1790, non pas par un allemand mais par un Comte français dénommé Mede de Sivrac. Karl Drais apparaîtra pour certain comme un usurpateur. On sait aujourd’hui qu’un brevet a bien été déposé en 1817 par un certain Jean-Henri Siévrac pour un célérifère. Cependant la machine en question s'est avérée être une voiture à cheval et non un vélocipède comme en fait la description le journaliste dans son ouvrage. Les historiens s’accordent à dire qu’après la lourde défaite de la France face à la Prusse en 1871, Louis Baudry de Saunier a jugé bon de lancer cette polémique pour attribuer le mérite de cette invention à succès non pas à un allemand mais à un français afin d’exalter chez ses concitoyens la fierté nationale.
Une Course de Vélocipèdes au Jardin du Luxembourg. 1818. A Paris chez Genty, Rue St. Jacques, N° 33.
La Michaudine.
La Draisienne ne devient réellement bicyclette que lorsqu’elle est complétée par une pédale. En 1861, Pierre et son fils Ernest Michaux ajoutent une manivelle à la roue avant d'une draisienne qu’ils appellent « pédivelle » pour reposer leurs pieds et faciliter la rotation de la roue. Tout deux inventent la pédale. Ernest et ses frères construiront leur fortune familiale en produisant ces michaudines en usine.
Henri Michaux, fils de Pierre Michaux et frère d'Ernest faisant des démonstrations du vélocipède à pédales, photographie, 1869.
© Archives départementales d’Yvelines
Bicyclette Michaux, Museo Galileo, 1870-1875.
©Museo Galileo
Le Grand-bi.
L’apparition d’un nouveau modèle de bicyclette appelé "Grand-Bi" va jouer un rôle déterminant dans la transformation des bicyclettes primaires en la bicyclette que nous connaissons aujourd’hui. Jusqu’en 1870, le vélocipède est un instrument de promenade. Pour gagner de la vitesse et en faire un véhicule de course, on eu l’idée d’augmenter le diamètre de la roue avant pour qu’il soit d’1m40. Ainsi, en un tour de pédale, le Grand-bi avançait d'environ 4m40. Il était rapide, léger, simple et élégant. Néanmoins, sa hauteur le rendait instable et dangereux en cas de mauvaises chutes malgré la présence de sa roue arrière qui même en diminuant de taille au fil des modèles, assurait un certain équilibre.
Pour corriger le Grand-bi, de nombreux techniciens proposèrent des améliorations. Le français le plus connu d’entre eux est certainement Jules Truffault, véritable passionné de la bicyclette. Il allégea considérablement les jantes et les fourches en les fabricants creuses et remplaça les lourds rayons de bois par des rayons en métal. Les techniciens anglais s’en inspireront d’ailleurs pour fabriquer un nouveau modèle de bicyclette tout en métal. De même, il serait à l’origine de la création des freins et des suspensions dont la mécanique aurait inspiré à son tour les fabricants d’automobiles. En s’intéressant à tout ce qui pouvait améliorer le confort du cycliste jusqu’à la forme de la selle, Jules Truffault est certainement l’un des grands techniciens de la bicyclette.
Course de Grand Bi chez les femmes, auteur inconnu, circa 1890.
© Musée Auto Moto Vélo de Châtellerault
Grand Bi de course, auteur inconnu, circa 1870.
©Photos 12 Archives-Diomedia
La première bicyclette.
Le designer Harry John Lawson et l’industriel John Kemp Starley, tout deux britanniques, sont considérés comme les pères de la bicyclette moderne même si d’autres techniciens comme en Italie ou en France, ont vraisemblablement détenu leurs idées novatrices en premier.
En 1877, Harry John Lawson conçoit la bicyclette de sécurité (« the safety bicycle»). Il fixe les pédales au centre du cadre de l’engin de façon à ce qu’elles motorisent désormais la roue arrière et non plus la roue avant. Puis, il abaisse l’assise de façon à ce que le cycliste puisse atteindre le sol avec ses pieds pour marquer plus facilement l’arrêt de son vélo.
En 1879, il invente le système de propulsion par transmission de chaîne : le mouvement des pédales (qui sont reliées à une couronne dentée) est transféré par la courroie articulée à un système d’engrenage (le pignon) sur la roue arrière.
Enfin, en 1885, John Starley complète le « safety bicycle » en créant un modèle dont les roues sont de même diamètre. En effet, grâce au système de Lawson, la bicyclette n’a plus besoin d’une grande roue avant pour couvrir de grande distance. Il produit ainsi la première bicyclette accessible à tous. Plus confortable, moins dangereuse, cette bicyclette va encourager la pratique vélocipédique des femmes.
Lawson Rear-Driving (de conduite par roue arrière) sécurisé, modèle de 1877, photographie de 1897.
©University of North California
Bicyclette à propulsion par transmission par chaîne et pédalier sous le cycliste, modèle de 1879.
wikipedia ©
La Bicyclette Starley 'Rover' sécurisé, modèle de 1886.
©British Motor Museum
Remarque : L’écossais John Dulop introduit les pneumatiques à partir de 1888. La boîte de vitesse, les freins et le dérailleur sont inventés au cours des années 1890. Néanmoins, ils apparaissent sur les modèles de bicyclette commercialisés qu’au cours de la première décennie du XXème siècle.