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Huile sur toile, Le Chalet du Cycle, de Jean Béraud, 53,5 x 65, 1897

Des peintures en France

Sur sa toile, Jean Béraud met en scène le « chalet du cycle » situé près du pont de Suresnes. A la Belle Époque, c’est un lieu hautement fréquenté où se presse le Tout-Paris pour se divertir et y être vu. Au premier plan, dans un espace dégagé et circulaire qui rappel l’architecture des manèges contemporains, d’élégants personnages s’adonnent à l’activité vélocipédique à la mode. Mise en valeur par le contraste sombre de l’arrière plan champêtre,  l’activité attire l’attention du spectateur. On y voit avec humour une bourgeoise enfourchant maladroitement son vélo. Elle semble dompter la bête pour la toute première fois. A la fin du XIXème siècle, il était très chic et moderne de s’afficher au côté de cette toute dernière invention onéreuse. De même, nous remarquons que toutes les femmes de ce tableau sont habillées de manière très avant-gardiste. Canotier masculin, cravate de soie, veste cintrée et culottes bouffantes : l’adoption d’une garde-robe  « sportive » ou du moins plus décontractée pour se promener à bicyclette est devenue un réel accoutrement en vogue à exhiber.

Huile sur toile, La place Clichy, de Edmond Georges Grandjean, 85 x 130 1896 

© Musée Carnavalet - Histoire de Paris Vers 1900

Sur sa toile, Edmond Georges Grandjean met en scène la « place Clichy » situé au nord ouest de Paris au carrefour de quatre arrondissements. On reconnaît cette place par la présence à droite du monument du maréchal Moncey défendant Paris. A la Belle Époque comme aujourd’hui, la Place Clichy est un lieu très fréquenté car elle reste une porte d’entrée entre la périphérie et le cœur de la capitale. Au premier plan, on distingue divers moyens de locomotion dans un espace dégagé et circulaire, rappelant lui aussi l’architecture des manèges contemporains. Ce qui frappe dans ce tableau c’est qu’on discerne une figure féminine circulant à bicyclette parmi tous les fiacres particuliers ou communs. Le vélocipède se fond donc dans les moyens de locomotions habituels de la fin du XIXe siècle. Sans nul doute, cette peinture a la volonté de présenter la capitale française comme une ville vivante et moderne.  Pour montrer la présence dans les rues de Paris de la bicyclette novatrice, il est intéressant de souligner que le peintre ait choisi de la représenter montée par une femme. L’émancipation de la parisienne ferait ainsi part de la démonstration de la modernité de la capitale.

A gauche, Huile sur toile, La grande Julie, 111,8 x 127,3, 1945 ; au milieu, Les quatre cyclistes 129x161,5, 1943-1848 ; à droite Huile sur toile, Les loisirs sur fond rouge, 113 x 146 , 1949 de Fernand Léger,

© MoMA, Museum of Modern Art, New York

© Musée national Fernand Léger, Biot

© Musée national Fernand Léger, Biot

Fernand Léger peut être reconnu comme « le peintre des cyclistes ». Il a en effet produit une série de tableaux représentant  des hommes et plus généralement, des femmes, accompagnés de bicyclettes. En exil aux Etats-Unis durant la seconde guerre mondiale, il s’inspire de sa rencontre avec de jeunes étudiantes vêtues de couleurs criardes non conformistes pour colorer de manière parcellaire Les quatre cyclistes, la première peinture de sa série. Les cyclistes prennent pose sur sa toile de manière élégante. Elles sont toutes les quatre coiffées. Deux d’entre elles sont munies de ceintures de taille ornementées et trois d’entre elles paraissent seins nus. Ainsi, on remarque que l’auteur a voulu souligner l’érotisme de ses figures féminines. Les maillots de bains qu’elles portent laissent comprendre que ces dernières pratiquent le vélo non pas comme un sport mais comme un loisir. La Grande Julie porte la même tenue et se tient debout à gauche de sa bicyclette qui semble crucifié. Cette image représenterait-elle la passion qu’on puisse éprouver pour cet objet industriel ? Le métal blanc se confronte  aux couleurs de la composition et notamment aux couleurs criardes des papillons et de la fleur qui symbolisent à eux trois, par opposition à l’objet industriel, la nature et la féminité. Fernand Léger achève sa série en France lorsque la guerre est terminée. Il y peint Les loisirs sur fond rouge, qui se révèle comme un véritable portrait de famille à la gloire des loisirs populaires (cyclisme en famille, pique-nique, baignade, cueillette de fleurs…) et des congés payés obtenus dans les années 30 par le Front Populaire. Fidèle à la « figure objet », il continue de figer les cyclistes et leurs vélos de course dans une pose frontale. De même, le peintre fidèle à son surnom « la brute magnifique » attribué pour son franc-parler de fils d’éleveurs normand, il glisse dans sa peinture un clin d’œil obscène au dicton populaire « Sa raie est un parking à vélo » en faisant disparaître la longue tige blanche et courbe du vélo qu’empoigne l’homme en jaune entre les cuisses de la femme allongée. Ces métaphores plastiques où se glissent sexe, métal, chair et objet industriel témoignent de la confusion créatrice d’après-guerre. Ces tableaux démontrent aussi le succès du vélocipède à une époque où la société de consommation et de loisirs se développe.

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