
Des livres et des revues en Portugal
“Um rijíssimo aperto de mão - e S. Alteza subiu pesadamente para a vitória, ainda com um aceno amável, que me penhorou... Excelente homem, este Grão-Duque! Mais reconciliado com Paris, atravessei para os Campos Elísios. Em toda a sua nobre e formosa largueza, toda verde, com os castanheiros em flor, corriam, subindo, descendo, velocípedes. Parei a contemplar aquela fealdade nova, estes inumeráveis espinhaços arqueados, e gâmbias magras, agitando-se desesperadamente sobre duas rodas. Velhos gordos, de cachaço escarlate, pedalavam, gordamente. Galfarros, esguios, de tíbias descarnadas, fugiam numa linha esfuziada. E as mulheres, muito pintadas, de bolero curto, calções bufantes, giravam, mais rapidamente ainda, no prazer equívoco da carreira, escarranchadas em hastes de ferro. E a cada instante outras medonhas máquinas passavam, vitórias e faetontes a vapor, com uma complicação de tubos e caldeiras, torneiras e chaminés, rolando numa trepidação estridente e pesada, espalhando um grosso fedor de petróleo. Segui para o 202, pensando no que diria um grego do tempo de Fídias, se visse esta nova beleza e graça do caminhar humano!...
" Une poignée de main fortement serrée et Sa Magesté est lourdement montée sur sa Victoria [marque de vélo américain], la main brandissant encore gentiment, ce qui m’a saisi... Excellent homme ce « grão » Duc ! Bien plus réconcilié avec Paris, je marchais à travers les Champs Élysées. Sur sa toute noble et belle largesse, toute verte, avec des châtaigniers en fleur, courraient, surgissaient, descendaient, des vélocipèdes. Je me suis arrêté pour contempler cette nouvelle laideur, ces innombrables colonnes vertébrales arquées et ces gambettes maigres, que s'agitaient désespérément sur deux roues. Les vieux empâtés, au collier écarlate, pédalaient, grasouillettement. Les voyous élancés, aux tibias décharnés, filaient en une ligne éblouissante. Et les femmes, très maquillées, en cache-cœurs, pantalons bouffants, tournaient plus rapidement encore, dans le plaisir sans équivoque de la course enfourchées en tiges de fer. Et à chaque instant d'autres affreuses machines, des Victoirias et des phaétons à vapeur, avec une complication de tuyaux et de chaudières, de robinets et de cheminées, roulaient dans une trépidation stridente et lourde, propageant une épaisse odeur de pétrole. J'ai continué de marcher vers le numéro 202, songeant à ce que penserait un grec à l’époque de Phidias, s'il voyait cette nouvelle gracieuse marche humaine !...
L’usage de la bicyclette a été plus tardif au Portugal qu’en France ou qu’en Italie où l’on a accueilli le vélo dès sa commercialisation. La bicyclette conquit la société portugaise progressivement sous l’influence des pays voisins enthousiasmés pour le nouvel engin. Comme Émile Zola, l’auteur Eça de Queiroz est contemporain de l’apparition de la bicyclette. Il a constaté de ses propres yeux l’engouement ascendant des sociétés pour la pratique vélocipédique. Comme son confrère, il témoigne des évolutions des villes et des campagnes à travers ses fictions contemporaines. Dans son roman, son personnage principal Zé Fernandes visite à Paris son ami Jacinto, habitant au numéro 202 de l’avenue des Champs Élysées. Selon Jacinto, la capitale française est un exemple parfait de civilisation, un espace unique où l’être humain peut se sentir heureux grâce à l’afflux des connaissances et des nouvelles technologies qui s’y trouvent. Zé Fernandes qui préfère la vie de province à celle urbaine n’est pas de cet avis. Nous le ressentons dans l’extrait présenté. Nous pouvons dès alors imaginer l’impact de la bicyclette et de ses conséquences pour un esprit qui se méfie de la modernité présente dans les grandes villes. Enfin, nous détenons la preuve par ce témoignage littéraire que la France a bien eu un temps d’avance sur le Portugal et qu’une transmission de connaissance s’est effectuée notamment grâce aux mobilités de population.